Une histoire naturelle des dragons by Marie Brennan

Auteur:Marie Brennan
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: L'Atalante
Publié: 2016-02-26T05:00:00+00:00

TROISIÈME PARTIE

Où l’on fait des progrès scientifiques, même si un démon du lointain passé s’y oppose

TREIZE

Un accueil inattendu – Jindrik Gritelkin continue à poser problème – Une possible source d’aide

MA FOULURE INTERROMPIT NET notre fouille des ruines, même si je maintins qu’il me serait très facile de me reposer quelque part, le pied en hauteur, et de dessiner pendant que lord Hilford terminerait sa visite. Il affirma qu’il avait fini et que nous devions partir sur-le-champ en direction de la cabane des chasseurs. Je le dissuadai de justesse d’envoyer le pauvre Astimir à Drustanev dans la nuit, afin de revenir avec des secours au petit matin.

« J’en ai plus qu’assez des sauvetages au petit jour, dis-je sur un ton aigre. Voyons au moins dans quel état sera mon pied demain matin avant d’aller chercher la cavalerie. »

Nous fîmes l’erreur de me retirer ma botte une fois au chalet ; ma cheville était enflée et sans chaussure pour contenir le gonflement, il augmenta. Mais je baignai mon pied dans un torrent – me félicitant, pour une fois, du froid glacial de l’eau des montagnes – et demandai à Astimir de sélectionner une grosse bûche dans la pile de bois afin de le surélever pendant la nuit, si bien qu’au matin il avait presque retrouvé sa taille normale et que je pus le réintroduire dans la botte.

Celle-ci une fois lacée aussi serré que possible, je dis à lord Hilford que tout allait bien et nous partîmes.

Je ne tardai pas à regretter ce choix, mais refusai de l’avouer à mes compagnons. Marcher avec une cheville foulée est fichtrement déplaisant, même si elle n’a été que légèrement tordue. On pose son pied avec précaution pour ne pas aviver la blessure, mais l’inconfort est tel que le corps tente de revenir à une démarche plus naturelle, ce qui bien entendu crée une gêne. Tous ces mouvements maladroits finissent par causer leur propre inconfort, car vos genoux et vos hanches se mettent à se plaindre. Hélas pour mon bien-être, j’étais jeune et par conséquent bien trop bornée pour reconnaître quoi que ce fût ; nous continuâmes donc à marcher.

En atteignant Drustanev, je ne souhaitais rien de plus au monde que m’effondrer sur mon lit, où Jacob m’apporterait une boisson calmante. Mais je sus que la chance n’était pas de mon côté dès l’instant où je vis les gens rassemblés au centre du village.

Je ne connaissais les noms que de quelques-uns. À la manière regrettable des voyageurs du Scirland dans le monde entier, nous nous étions tenus presque entièrement à l’écart des gens du cru. Dagmira était là, cependant, et avec elle un homme bouleversé que je reconnus comme étant Menkem Goen, le prêtre du village.

Même si je ne l’avais pas vu pendant la fête de la Réception, ses vêtements l’auraient identifié : il portait sa tenue de cérémonie complète – châle, écharpe, coiffe brodée et tout le reste – et il était même pieds nus sur le sol rocheux, comme dans le tabernacle. En outre, à

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